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VN#32 Voyagez-Nous finit en Beauté

Toucher la Corse du pouce

Les lumières de Nice s'éloignent dans la nuit, cette fois il n'y a pas de doute, nous quittons le continent ! Sur le Corsica Ferries, c'est l'effervescence, chacun repère l'endroit où il va passer les huit prochaines heures. Il fait si froid à l'intérieur à cause de la climatisation que nous rejoignons le pont. Nous serons les seuls à y passer la nuit entière, tant bien que mal, sans duvet ni couverture. Pierre-Elie opte pour le banc abrité par la cheminée tandis qu'Anouk reste dans le transat qu'elle a dégoté en début de traversée. Autant dire qu'on a déjà connu des nuits plus reposantes, mais qu'au moins, nous nous souviendrons de celle-ci ! A 5h30, nous sommes aux premières loges pour assister au lever du soleil, et découvrir la côte corse que nous longeons déjà. Une heure plus tard, nous entrons dans le port de Bastia et posons enfin le pied sur la terre corse !

C'est sûrement le moment que nous avons le plus espéré et rêvé dans ce voyage. Une attente que nous n'avions pas en partant, mais qui s'est créée et formée au fur et à mesure, puis intensifiée lorsque nous avons entrepris les premières recherches en avril. Une attente qui se serait finalement mue en déception si Corsica Ferries ne nous avait pas relancés à deux semaines du terme de notre aventure ! Après avoir rattrapé une partie de notre retard en sommeil, nous écrivons à Marie-Jo, la conductrice corse rencontrée sur la route d'Avignon une semaine plus tôt, et qui nous avait invités chez elle. Elle est justement à Bastia ce matin et nous rejoint ! Sa famille étant de Bastia, elle connaît très bien le coin et nous pousse à aller découvrir le Cap Corse au nord. Elle tient à nous avancer sur la route et nous emmène voir une tour où les rochers finissent dans la mer. Puis nous roulons encore le long de la côte et nous arrêtons dans une crique pour prendre notre premier bain corse ! Marie-Jo et son fils Vincent se baignent aussi avant de repartir chez un oncle. Nous nous embrassons, mais nous nous reverrons sûrement à la fin de la semaine. Tous les deux sur la plage, nous profitons de ce décor de rêve et nous disons que le voyage prendrait presque des allures de vacances. Si on n'avait pas à trouver l'hébergement chez l'habitant et à manger. Vincent réapparaît alors avec deux tartelettes que sa maman a achetées pour notre déjeuner. Nous sommes bien gâtés. A l'ombre d'un rocher, nous faisons la sieste. Un des enseignements de ce voyage aura été l'importance de prendre des moments de pause, essentiels pour trouver l'énergie d'avancer encore. Nous retournons ensuite au bord de la route et levons le pouce pour la première fois en Corse !

A l'assaut du Cap Corse A peine 5 minutes suffiront pour arrêter notre première voiture. L'accent, les histoires locales et la clim'. Finalement c'est la même chose qu'ailleurs.

Sur l'immense parking qui nous sert de spot, nous sommes rejoints par deux gendarmes, eux aussi intéressés par l'endroit. Sur l'échelle de l'autostop, "faire du stop à côté de deux gendarmes" se place pile entre "stopper à douze" et "sortir de Paris en moins de 5 minutes". Face à cette concurrence déloyale, nous les saluons et avançons 500 mètres plus loin.

Une petite famille en vacances nous fait signe de monter. Originaires de région parisienne, ils connaissent pourtant bien l'Île et vont randonner au bout du Cap Corse. Dans un jour de forme, nous aurions aimé les accompagner, mais aujourd'hui nous resterons autostoppeurs. Une décapotable s'arrête. Sa propriétaire nous hâte de monter puisqu'elle s'est arrêtée au milieu de la route. Elle revient des courses et nous tentons de ne rien écraser en montant. Il s'agit de notre première rencontre avec une "vraie" Corse. Comme ce sera souvent le cas cette semaine, la conversation débute ainsi : "- Alors vous êtes en vacances ? - Non en voyage ! Depuis 10 mois ! - Ah oui quand même !!" Nous sommes là pour rencontrer des locaux et, ce soir, nous peinons à trouver un Corse parmi les hordes de touristes. Le magnifique Cap Corse est aussi très touristique, c'est normal en cette saison. Trois jeunes avocats parisiens nous déposent à Nonza où ils vont manger au restaurant. Une dame sort des courses de sa voiture et nous lui présentons notre voyage en lui demandant où il était possible de passer la nuit. Elle nous répond que chez elle il n'y a pas la place car c'est en réalité chez son fils. Mais cela signifie que notre "radar à locaux" fonctionne bien. A nouveau, nous tombons sur deux parisiens en vacances. Ce couple nous prend même deux fois, car, après nous avoir déposés, ils se rendent compte que leur route est encombrée à cause d'un concert. "On ne vient pas en Corse pour avoir des bouchons, montez ! On vous emmène à Saint-Florent !" Nos conducteurs profitent de vacances sur l'Île grâce au comité d'entreprise de Monsieur

et ils ne tarissent pas d'éloges quant au Cap Corse. En effet, pour notre premier jour ici, nous en avons pris plein les yeux !

Hospitalité corse à Oletta A Saint-Florent, les restaurants se suivent et se ressemblent et nous ne mettons pas longtemps à décider de lever le camp après avoir avalé ce qu'il restait dans le sac-de-bouffe ! Direction la montagne et ses petits villages qui nous permettront -en tout cas nous l'espérons très fort- de rencontrer des locaux. La nuit tombe vite sur le rond-point à la sortie de la ville. Mais rapidement, un 4x4 s'arrête. «- Oletta ? J'y vais, montez ! » Puis une fois installés : « - Vous allez où à Oletta précisément ?

- On n'a pas vraiment d'endroit... En fait on voyage depuis 10 mois à travers la France, et nous venons d'arriver en Corse ! Et on n'a jamais de point de chute alors à Oletta, on verra ! »

Grégory passe alors deux ou trois coups de fils le temps d'arriver au village. Il nous explique qu'il fait un second trajet pour emmener toute sa famille au restaurant et donc qu'il n'est pas disponible à part si nous ne trouvons pas de solution ! Lorsque son ami Alain le rappelle, nous entrons dans Oletta et rapidement, chez Alain ! « Si c'est pas possible ici, je peux les prendre ce soir » lui répète Grégory. Mais Alain sait déjà où nous allons dormir. Nous remercions chaleureusement Grégory qui a véritablement pris les choses en main en nous prouvant dès le premier jour que l'hospitalité corse existe aussi en juillet ! Puis nous suivons Alain qui nous montre le studio vide qui se trouve en contrebas de sa maison. Il nous présente Nicole, sa compagne, ainsi que ses amis Annie et Dad, ici pour les vacances. Ces quatre retraités sont aux petits soins et nous sortent de quoi dîner, tout en nous questionnant sur le voyage en feuilletant notre carnet de bord. Nous déclinons l'invitation à profiter de la piscine, préférant rejoindre au plus vite nos lits et les bras de Morphée !

Les origines de Morosaglia Le lendemain, il est midi lorsque nous quittons Alain et ses amis. Nous progressons à travers les montagnes grâce à une vendeuse du centre commercial du village puis à Mohammed, un jeune paysagiste qui a repris l'entreprise familiale. Il nous dépose à Biguglia, au sud de Bastia, où nous retrouvons la civilisation... et le flux de voitures qui va avec. Pour une fois, il n'y a pas de spot au rond-point. Mais nous apercevons une conductrice tourner sur le parking plus loin pour revenir nous chercher ! Déterminée.

Et nous aussi. Pour une fois, nous savons exactement où nous voulons aller : à Morosaglia (qui se prononce [Morosaille]) ! En effet, c'est dans ce petit village de la Castagniccia -région des châtaignes-, qu'Anouk a des ancêtres. De la famille, au village, il ne reste plus que « le cousin Antoine » et certains de ses enfants. Mais nous voulons profiter d'avoir atteint la Corse pour y passer. Sur la route, nous prenons le temps de manger et de nous poser à l'ombre d'un pont près du Golo, la rivière qui coule à Barchetta. Un promoteur immobilier nous conduit ensuite à Ponte Leccia, ville-carrefour de deux axes principaux, mais également de celui qui monte dans la montagne vers Morosaglia ! Sur cette petite route, pas de doute, les voitures que nous verrons monter ne pourront que nous avancer ! La première s'arrête d'ailleurs. Nicolas, son conducteur, pousse les sièges-bébé pour nous faire une place. Il nous prévient que la route n'est pas très fréquentée et que Morosaglia est tout petit ! Ça nous l'avions deviné... Mais pas que Nicolas s'arrêterait à 10 kilomètres de notre but, chez l'ami-éleveur qu'il part aider ! Nous sommes donc sur cette petite route, qui continue en lacets dans la montagne. Heureux. C'était notre chance. Deux minutes plus tard, un jeune couple s'arrête à notre hauteur, tout surpris de trouver des autostoppeurs. Ana et Val montent bien à Morosaglia et vont même plus loin, à La Porta ! Val a traversé l'Atlantique en bateau-stop et tous deux ont voyagé en Amérique Latine. Nous leur expliquons que nous venons rechercher « le cousin Antoine » et ils nous proposent de les retrouver le soir si nous ne dormons pas à Morosaglia. Arrivés à destination, nous arpentons la rue principale et demandons dans les bars s'ils connaissent le cousin. Peu après, Anouk l'a au téléphone et quelques minutes plus tard le voici qui nous rejoint ! Il nous invite à boire un verre pour fêter cette rencontre et nous lui racontons le voyage alors qu'il nous présente aux personnes qui viennent le saluer. Antoine vit pour le travail et son entreprise de bâtiment. Il nous dira plus tard qu'il ne saurait prendre des vacances car il s’ennuierait très vite ! Il saisit toutefois les subtilités de notre type de voyage et s'intéresse sincèrement à nos 10 mois d'aventures. Mais surtout, il nous fait découvrir ce que « le sens de la famille » signifie ! En nous emmenant à La Porta chez nos hôtes, il dit à ses enfants, bénévoles à la fête du col : « je vous présente des petits-cousins, demain ils vont venir manger à la fête et vous les servez, c'est pour moi ! » Puis il nous dit qu'il trouvera une solution pour nous faire dormir à proximité de Bastia à la fin de la semaine, lorsque nous reprendrons le ferry. Aux petits soins ! Chez Ana et Val, nous nous posons le temps qu'ils aillent chercher Clément, un ami apiculteur du Tarn, puis nous passons la soirée à parler de voyage, de vie en yourte et... de Corse bien sûr !

Première journée sans fin

Le lendemain, nous stoppons au pied du plus grand campanile de Corse ! Situation baroque au possible, mais toujours moins que le campanile lui-même. Notre principal problème à La Porta, c'est que la route du col est désespérément vide. C'est un éleveur dans sa bétaillère qui nous tirera de là. Il est né dans cette montagne et ne la quitterait pour rien au monde. Nous le quittons au col où le début de la fête est menacé par l'orage. Pour nous en tirer le plus sec possible, nous enchaînons le stop pour redescendre vers Ponte Leccia. Un couple de Danois exaucera notre souhait et la descente avec eux est joyeuse, ou plutôt « happy » ! Puisque nous n'avons qu'une semaine pour découvrir l'Île de Beauté, nous devons descendre dans le sud dès aujourd'hui. Une retraitée nous emmène à Corte où les pompiers sont à l'action pour réparer les dégâts causés par le violent orage qui vient d'avoir lieu. Une étudiante en arts plastiques et un pêcheur professionnel nous permettent d'arriver à côté de Propriano. Malheureusement, la dame rencontrée à Toulon qui nous avait invités chez elle en Corse est actuellement sur le continent. Il commence à faire nuit lorsque nous toquons aux portes à Olmeto et nous essuyons quelques refus. Nous reprenons la route alors que l'éclipse de lune bat son plein ! C'est beau. Mais nos esprits sont tournés vers la recherche d'un toit pour la nuit. Un jeune travaillant dans la banque nous conduit à Sartène. Il fait maintenant complètement nuit. Nous écumons les rues et les portes de la ville. Sachez qu'en Corse, la sonnette n'existe que très peu. Et c'est bien dommage. Cela ne nous empêche pas de trouver des gens à qui demander l'hébergement. Pêle-mêle, trois grands-mères profitant de l'air frais du soir sur leur banc, un jeune très (trop?) défoncé, qui a heureusement décliné notre proposition, une dame peut-être plus âgée que sa maison, un monsieur qui nous a indiqué le trottoir d'en face pour y dormir, une autre dame à la maison très (trop ?) chic qui nous dit que « c'est dangereux ce que [nous faisons] » et enfin des moines qui nous répondent que tous les lits sont pris... Il sera donc arrivé, ce soir où aucune rencontre ne débouche sur un hébergement. Avant de prendre la route en octobre dernier, nous imaginions que ce genre de situation se présenterait beaucoup plus fréquemment. Pourtant, en ce 299ème jour de voyage, c'est la première et seule fois que nous dormirons dehors. Sans tente et sans duvet bien sûr, puisqu'ils sont dans la Drôme ! Perdu pour perdu, nous profitons du trafic pour nous rapprocher encore de Bonifacio. Notre conducteur revient d'un match à Ajaccio avec son fils. Et après nous être présentés, il profite de nos études dans l'économie sociale et solidaire pour nous demander notre avis sur « comment faire cohabiter une certaine activité économique avec des réponses aux enjeux écologiques ? ». Il est minuit et nous allons dormir dehors, mais nous réfléchissons sérieusement à la question de cet entrepreneur aux multiples sociétés et intervenant à la fac à ses heures. Après ces échanges, il est un peu désolé de nous laisser au bord de la route mais ne peut nous inviter. Nous puisons dans nos réserves d'énergie pour marcher jusqu'à la plage où nous allons partager la nuit avec des dizaines de moustiques !

Double symbole à Bonifacio

Cette première nuit sans toit est tombée au meilleur des moments. C'est en tout cas ce que nous nous sommes dit au réveil. Devant nous, le soleil se lève sur la baie de Figari bordée par la plage, avec au loin les omniprésentes montagnes corses. Quelle chance ! Nous prenons le temps de nous baigner avant de repartir en quête de la route principale et du sud de l'île. Sur notre spot pas idéal, deux Belges nous avancent de 500 mètres avant qu'une petite famille nous conduisent à Bonifacio. C'est la 1000ème voiture dans laquelle nous montons depuis le départ de Cieux ! Une barre symbolique que ces Bordelais fêtent avec nous sur les hauteurs de la citadelle, avec vue sur les côtes sardes. Comble de l'ironie, leur fille s'appelle également Anouk ! Bonifacio n'est pas touristique par hasard. Les falaises de calcaire et la limpidité de l'eau rendent le site paradisiaque ! Nous en prenons plein la vue et plein les jambes. Comme souvent en juillet, nous nous félicitons d'avoir divisé par deux ou trois le poids de nos sacs quatre mois plus tôt ! Cela aurait réellement ressemblé à un calvaire de se balader en ville sous le soleil chargés comme des mules ! Nous mangeons devant un parking et une zone de chantier. Sûrement l'endroit le plus moche d'un des plus beaux sites corses. Un ex-officier de la Légion Étrangère nous raconte Bonifacio avant. Puis nous remontons vers la citadelle pour redescendre vers la plage la plus proche. Le « grain de sable », ce gros rocher trônant au milieu de l'eau rend le décor majestueux. Le soleil est bien sûr au rendez-vous et notre tour de Corse continue vers Porto Vecchio. C'est avec une coach sportive originaire de Lorraine que nous arrivons au « Saint-Tropez corse ». Nous avons retenu les leçons de la veille et allons chercher à nous écarter de la côte pour trouver l'hébergement plutôt en montagne. Un jeune homme saisonnier à Porto Vecchio puis le jardinier d'un hôtel nous conduisent au pied des montagnes.

Des questions sans réponse

C'est alors que nous apercevons arriver Rachid. A bord de sa vieille voiture, il se gare devant nous et nous demande où il peut nous emmener. Nous lui expliquons que nous voyageons et que, par conséquent, nous n'avons pas de destination ! Rachid a beaucoup voyagé et nous propose alors de venir voir où il habite en nous disant qu'il y aurait moyen de dormir chez lui. Il nous répète qu'il vient d'arriver sur un terrain appartenant à un propriétaire d'un centre Leclerc et que le domaine court « de la montagne jusqu'à la mer ». Paysagiste de formation, il est seul pour s'occuper de cet espace et le réhabiliter car il avait été laissé à l'abandon. Son espace de vie, lui, est constitué de deux caravanes, dont une destinée au bazar. Il vit donc principalement dehors et nous comprenons que nous allons passer une nouvelle nuit aux conditions plutôt spartiates. Décidément, le repos attendra ! Rachid est seul et notre compagnie lui change de l'ordinaire. Nous sommes tiraillés entre, d'un côté, recevoir l'hospitalité de notre hôte à la hauteur de ses moyens, découvrir un nouvel univers et vivre la Corse loin des sentiers battus, et, d'un autre, sa non-compréhension de notre besoin de sommeil (Pierre-Elie est quand même très malade à ce moment là), la place qu'il ne nous accorde pas dans la discussion, et le sentiment d'insécurité du lieu, alimenté par les explications du mauvais accueil reçu par Rachid depuis son arrivée. Entre sabotages, vols et intimidations... A sept heures, nous sommes donc debout, Rachid s'active déjà dehors et nous n'espérons qu'une chose : retrouver la route ! A 9 heures, il nous conduit jusqu'au prochain gros village de la montagne, L'Ospédale, et nous entamons alors une folle journée de stop qui nous verra remonter la Corse du sud-est au nord-ouest et qui sera en réalité notre dernière journée d'aventure du voyage !

De L'Ospédale à Piana

Un peu de stop, et ça repart ! Deux saisonniers du site d'accrobranche nous emmènent en haut du col, puis nous continuons la route avec un couple qui part pour une randonnée. Un jeune retraité nous conduit à Quenza où il réside quasiment toute l'année quand sa femme préfère ses terres vauclusiennes. Un couple de Parisiens en vacances nous conduit ensuite à Aullène en passant le trajet à nous bombarder de questions toutes plus pertinentes les unes que les autres sur notre voyage. Dans ce village, nous allons attendre une heure et demie sur une route quasi déserte, avant de nous poser devant une vue imprenable de la montagne aride. Pique-niquer pour mieux repartir !

L'autostoppeur se rassure souvent, en se disant que s'il attend, c'est pour rencontrer la super personne qui va s'arrêter à la fin ! Cet épisode ne déroge pas à la règle car, après le repas, deux hommes dans un 4x4 nous font monter ! Eurêka ! En plus d'être ravis de quitter le bord de route d'Aullène, nous faisons la rencontre de locaux qui cherchent à nous faire découvrir davantage le coin que nous traversons. Au col, ils nous demandent si cela ne nous dérange pas de faire une pause. Nous « devons » rencontrer Jojo, qui tient un petit bar au bord de la route. Avec son t-shirt « Paris-Paname », il nous sert 4 liqueurs de myrte. « Je crois qu'il a confondu avec l'eau de vie » s'amuse Philippe. Et Christian nous parle ensuite des Nus et Culottés qui ont tourné un épisode en partant d'un village alentour. « Je crois qu'ils sont tombés sur les plus gros cas sociaux de Corse.. ! » Puis en redescendant, nous passons devant un panneau criblé de balles. « Ici, les panneaux, on les entretient » plaisantent ces deux chasseurs. « Mais attention, nous sommes des chasseurs écolos, nous mangeons les bêtes que nous tuons ! ». Après Ajaccio, nous rencontrerons une mère et son fils, originaires de Bretagne, qui rentrent du commissariat. « Je suis arrivé hier au camping rejoindre mes parents, et le soir je me suis fait voler tous mes papiers, dont mon billet retour ! » nous apprend le fils avec le sourire. « La gendarmette était vraiment sympa, on a bien parlé » renchérit la mère. Décidément les vacances, ça détend ! Voilà huit heures que nous remontons la Corse (en temps d'autostoppeurs) lorsque nous atteignons les « Calanques de Piana ». Inscrites au patrimoine mondial de l'UNESCO, nous choisissons de les traverser à pieds pour admirer chaque rocher et profiter des derniers rayons du soleil. Puis nous continuons vers Porto avec une femme travaillant dans la banque et sa fille qui s'apprêtait à vivre une seconde année de prépa à Paris. Encore une fois, notre voyage les emballe et elles nous déposent à la sortie des Calanques avec l'envie de discuter encore ! Malheureusement, elles ne nous proposent pas de prolonger la soirée chez elles !

Soirée européenne Et c'est bien dommage, car nous allons connaître une très longue soirée... mais à l'issue heureuse ! A Porto, nous ne sommes pas à la sortie de la ville, mais d'après la carte, nous ne pensons pas avoir de mal à trouver une voiture pour Calvi. Une voiture s'arrête à notre hauteur, ses occupants allemands sont désolés mais ils n'ont pas la place... C'est gentil de leur part de nous partager leur sentiment, mais nous restons sur place ! La nuit tombe sur Porto et nous ne voyons aucun véhicule emprunter la route côtière direction Calvi ! Une famille italienne dans la location d'à côté nous offre une bouteille d'eau. A ce moment-même, un 4x4 s'arrête avec un papa belge et ses deux fils. Ils ont une résidence secondaire dans le petit village à 10 kilomètres. Mais avec toute la famille, pas de place pour nous ce soir. Nous allons donc vivre une expérience unique et inédite, stopper dans le noir complet ! À 3 jours de son terme, le voyage nous réserve encore des surprises ! Lorsqu'une voiture apparaît, nous agitons nos bras devant ses phares, espérant ne pas trop effrayer le conducteur ! Mais la plupart des voitures tournent vers le même village, qui semble donc assez fréquenté ! Finalement, un jeune initialement parti dans l'autre direction revient vers nous : « je devais aller à une soirée à Porto mais un ami m'a invité à une autre avant, je peux vous avancer à Curzo ! ». Prof de sport à Marseille, sa conduite elle aussi, est sportive. Anouk ferme les yeux pendant que Pierre-Elie n'engage la conversation que dans les lignes droites ! Né en Corse, notre conducteur a appris dès son enfance à chanter. Il se rend d'ailleurs à une soirée chants corses dans un bar du village. Nous écoutons de loin, assis sur le bord de la route à attendre. Qu'attendons d'ailleurs à cette heure-ci ? Notre chance ? La voici qui arrive : 4 personnes marchent vers nous. « Oh mais vous ici ! Que faites-vous ? » nous demandent-ils en anglais. Ce sont les quatre allemands de la voiture « désolée » qui s'était arrêtée à Porto ! Ils louent un gîte dans le village et se rendent à la soirée chants corses ! Nous attendons la fin de la soirée pour rentrer avec eux. Quel plaisir d'être accueillis simplement ! Leur gentillesse n'a d'égale que la beauté du paysage que l'on apercevra au petit matin ! Le lendemain matin, Erik, le père de la famille nous raccompagnera à pieds jusqu'au spot. Notre voyage ravive en lui certains rêves qu'il maintient éveillés...

Se faire voyager, jusqu'au bout ! Ce matin, nous allons retrouver Marie-Jo, rencontrée près d'Avignon et vivant en Balagne, région du nord-ouest de la Corse. Notre dernière voiture autostoppée nous amène à Calvi. Margot et Guillaume sont tous les deux de Haute-Vienne, point de départ de Voyagez-Nous ! Et sa maman à elle bosse à « 9h50 le matin » sur France 3 (ça, on ne l'apprendra que plus tard ). Nous pouvons maintenant retrouver Marie-Jo, notre guide touristique des deux derniers jours de voyage. « C'est dommage que vous ne restiez pas plus longtemps » nous répète-elle durant notre séjour touristique en Balagne, entre deux trajets en voiture pour nous emmener voir des petits villages, des rivières, des plages, des points de vue. Pour finir, elle nous paie le train pour rejoindre Ponte Leccia et la fille du cousin Antoine, qui a organisé notre veille de départ. Nous passerons la soirée chez Stella et il viendra nous récupérer à 6 heures du matin pour nous conduire à Bastia, d'où nous embarquerons pour le continent.

5 heures de ferry pour commencer à digérer 10 mois de route, de rencontres et de découvertes, c'est peu, et beaucoup à la fois. Voyagez-Nous : la France en autostop, c'est terminé !

« Le voyage, c'est aller de soi à soi en passant par les autres », dit le proverbe touareg.


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