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Une étude de l'autostop en France

Pour vous mettre l'eau à la bouche et l'envie de voyage dans le pouce, j'ai envie de vous parler d'un travail universitaire que j'ai effectué en mai dernier sur l'auto-stop en France.

 

Dans quel cadre ?

 

À la fin de mon cursus en IUT Carrières sociales option Gestion Urbaine et Solidarités, nous devions réaliser une monographie de territoire. Ce travail universitaire est un exercice qui se rapproche du mémoire (plus connu), mais l'approche du sujet est descriptive au lieu d'être problématisée. Nous explorons notre sujet par plusieurs entrées et celui-ci doit également pouvoir donner une certaine vision d'un territoire. C'est aussi (théoriquement) un document d'une vingtaine de pages, mais l'auto-stop étant un sujet si vaste que j'ai éprouvé le besoin de produire un document un peu plus complet, comme vous le verrez.

 

L'auto-stop, un objet universitaire ?

 

Nous avions libre choix sur le sujet tant qu'il était pertinent et fondé. J'ai donc choisi l'auto-stop, même s'il est peu considéré comme objet universitaire. Il est pourtant porteur de nombreuses questions et réflexions sur les enjeux sociaux, humains et territoriaux. Et puis, je reconnais que lorsque l'on me donne de la liberté, j'aime bien la saisir et en profiter pour être sur le fil qui me passionne. Ce choix un peu particulier nécessitait alors une rigueur de travail qui devait me permettre d'analyser, d'explorer et d'expliquer certains de ces phénomènes que l'on vit avec beaucoup de magie et dont on n'a pas forcément conscience en situation réelle. Je devais aussi veiller à ne pas écrire un vaste argumentaire cherchant à prouver à tout prix que le stop est bien plus qu'un simple moyen de transport. Pour réaliser ce travail je me suis donc appuyée sur trois sources d'information :

  • Des récits de voyages sous diverses formes : BD, romans, blogs, sites, etc.

  • Des écrits et des conférences qui analysent, théorisent ou donnent des conseils de stop via des sites, un guide de voyage, un mémoire universitaire, des essais, des vidéos, etc.

  • Un questionnaire en ligne que j'ai créé et dont j'ai récolté environ 350 réponses : cela m'a permis d'avoir des données de première main et des expériences de stop concrètes, chiffrables, à partir desquelles je pouvais tirer des tendances. Merci encore à toutes les personnes et associations de stop qui ont pris le temps de répondre à ce questionnaire et qui l'ont partagé largement !

  • Des rencontres formidables avec des personnes inspirantes pleines d'expériences et de réflexions sur le stop, notamment au festival d'auto-stop Hit The Road de Stop&Go. J'ai pu rencontrer là-bas Anick-Marie, plus connu sous le nom de "Globestoppeuse" et Quentin et Thomas de Stop nous si tu peux, qui ont fait eux-aussi un voyage en stop et sans argent (pour en savoir plus : "nos inspirations").​​

 

Vous pouvez télécharger la monographie en cliquant sur le trombone sur la photo ! ;D

 

Un peu de théorie avant la pratique !

 

J'ai étudié la pratique de l'autostop grâce à trois entrées majeures : la technique qu'il représente, son aspect humain, et la dimension politique qu'il porte. Allant ainsi de la description de la pratique jusqu'à un approfondissement des valeurs et des mécanismes que l'auto-stop induit, ces derniers ne sont pas nécessaires pour faire du stop mais ils restent passionnants à comprendre et conscientiser. Grâce à toutes les informations que j'ai récoltées j'ai pu, par exemple, agrémenter mes explications théoriques en citant des personnes ayant répondu au questionnaire qui parlaient de leurs expériences concrètes. J'ai aussi pu établir une carte avec les coins de la France les plus faciles et les plus difficiles pour faire du stop (voir un aperçu ci-dessous). Et enfin, j'ai également pu établir une analyse un peu plus complète sur les différences dans la pratique en tant que femme ou homme.

 

Je vous invite à survoler, lire des morceaux ou encore dévorer avec passion ce travail sur l'auto-stop, vous y trouverez toutes les astuces et les facteurs favorables à réunir pour être pris-e plus rapidement en stop, des questionnements sociologiques "qui sont les autostoppeur/euse-s?", "qui sont les conducteurs?", ou encore une tentative d'analyse de la philosophie qui se cache derrière le stop et ses aspects politiques. N'hésitez pas à partager ce travail, il m'a dit que la seule chose dont il avait peur c'était de rester enfermé dans mon disque dur !

 

Faire ce travail a été un véritable plaisir même si je considère que je n'ai pas eu assez de temps pour aller vraiment jusqu'au bout du sujet, il me reste à présent un an d'immersion totale pour prendre du recul sur ce travail et pourquoi pas le compléter davantage !
En attendant... bonne lecture !

L'autostop EST politique !

Cet article provient du blog de Pierre-Elie consacré au stop : https://lotostop.wordpress.com/2016/10/14/lautostop-est-politique/

« Tu fais du stop ? Mais tu n’as pas peur ? Pourquoi tu ne prends pas le train/un covoiturage ? »

Premières remarques, premières explications.La pratique du stop, autrefois massive, est aujourd’hui bien plus marginale. Cependant, elle demeure bel et bien politique. Car en effet l’autostoppeur est un irréductible (pas forcément gaulois) !

L’autostoppeur résiste à notre société matérialiste où la voiture individuelle a toujours bonne presse.
L’autostoppeur résiste à notre société destructrice de l’environnement et qui ne voit pas le problème, ou ne veut pas le voir.
L’autostoppeur résiste à notre société apeurée qui voudrait nous faire croire que la menace est partout, tout le temps. Que l’Autre est forcément mauvais et dangereux.
L’autostoppeur résiste à notre société marchande, où la moindre activité doit avoir un prix.
L’autostoppeur résiste à notre société cloisonnée où le confort des uns ne doit pas être dérangé par le malheur des autres.

Au contraire…

L’autostoppeur défend une société du don où l’échange non-financier a sa place parmi les différentes interactions humaines.
L’autostoppeur défend une société écologique où les transports sont partagés un maximum pour réduire notre empreinte carbone.
L’autostoppeur défend une société conviviale où les gens se parlent et apprennent les uns des autres au-delà de leurs différences.
L’autostoppeur défend une société plus lente où le temps de déplacement n’a pas forcément besoin d’être compressé. Où le voyage lent est un pléonasme.

Alors bien sûr, tout autostoppeur n’a pas en tête un projet de société aussi bien défini dès qu’il tend le pouce, mais il incarne cette forme de résistance. Celle des personnes qui osent encore parler à des inconnus, monter dans leur voiture et même parfois dormir chez elles.
Ils se rendent compte alors que résister n’a jamais été aussi simple et joyeux.
Alors bien sûr, si l’autostop est politique, c’est que TOUT est politique, de nos modes de déplacement à nos choix de consommation en passant par les outils numériques que nous utilisons. Et comme tout projet politique qui veut convaincre, il nous faut insister, montrer que d’autres choses sont possibles et que personne ne pourra nous dire stop !

« Le bonheur n’est pas au bout du chemin, c’est le chemin qui est bonheur » – proverbe tibétain

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