[Petit rêve] Au détour du chemin : faire une randonnée dans les Vosges !
Vendredi 13 octobre. Nous sommes en Alsace, une dame joyeuse nous fait passer la "frontière" avec le Bas-Rhin, puis un papa passionné par ses deux entreprises de plâtrerie nous emmène jusqu'à Sélestat ! Nous n'avons qu'un objectif en tête pour l'après-midi : rédiger un article pour les enfants qui suivent notre voyage ! Une fois la mission accomplie dans la bibliothèque de la ville, nous sommes face à un choix : Strasbourg ou Saint-Dié-des-Vosges ? Nous avons aussi dans l'idée d'être en Savoie dans une semaine, nous optons alors pour Saint-Dié-des-Vosges et nous nous mettons pour la première fois à un point spécialement dédié au stop ! Rapidement, Florine s'arrête à notre hauteur, elle est en études de kiné en Allemagne, elle a 19 ans et rentre chez ses parents à Sainte-Marie-aux-Mines. Notre envie de randonnée lui parle tout de suite car sa famille est très sportive. Elle nous invite donc chez elle pour que nous puissions randonner le lendemain ! Si simple qu'on n'en croit pas nos yeux ! Ses parents ont peu le temps de nous parler mais ont l'air de trouver cela tout à fait normal d'accueillir des voyageurs ! Nous proposons une soirée pizza qui a du succès et le père de Florine nous montre les cartes pour la randonnée du lendemain !
Samedi 14 octobre. Nous nous inspirons des cartes et des schémas inscrits sur un abri pour créer notre "propre" randonnée en fonction des sentiers inaccessibles pour cause de chantier forestier ! Pierre-Elie regrette un peu qu'il y ait tant d'arbres qui empêchent de profiter de la vue mais se retrouver seuls -et sans les sacs- en pleine nature nous fait du bien !
Nous les récupérons et reprenons notre périple avec pour but de traverser les Vosges, le département cette fois ! Cette journée de stop est absolument fantastique, je ne sais pas si c'est grâce aux bonne ondes qui se trouvent apparemment sur la Roche des trois tables que nous avons vue le matin même, mais en tout cas la vie s'organise sous nos pas !
Nous rencontrons d'abord un militaire avec qui nous échangeons beaucoup sur son métier, sa façon de voir la vie, le parcours de sa propre vie, c'est très riche. Ensuite ce sont deux jeunes filles qui nous emmènent jusqu'à Épinal, elles sont assez fascinées par l'aspect "sans argent" de notre voyage. L'une d'elle nous dit "moi j’emmènerais au moins 10 euros dans ma poche sinon ça me ferait trop peur !" et là je me dis que c'est fou à quel point dans nos sociétés on a bien plus confiance en l'argent que dans les gens ! Notre pari à nous, c'est que si l'on croit en la rencontre avec l'Autre, alors l'argent n'est plus le seul moyen de répondre à nos besoins de base, soit manger et dormir ! Nous faisons ensuite une traversée épique d’Épinal à pieds avec nos sacs à dos décidément trop lourds ! Le gérant d'une épicerie corse nous offre un saucisson, puis deux jeunes nous aident à sortir de la ville. 10 minutes plus tard, c'est Manon qui fait demi-tour pour prendre des autostoppeurs pour la première fois ! Avec sa fille de 15 mois elle nous emmène à Neufchâteau. Manon est cartographe, en qualité de fonctionnaire, nous passons tout le trajet à discuter ! Il fait nuit désormais , nous continuons le stop après avoir récolté une petite pizza et un muffin dans une boulangerie qui fermait. A cette heure, chacun se met à une sortie du rond-point et cette fois c'est égalité : lorsqu'un fourgon qui veut nous sortir de la ville s'arrête au niveau de Pierre-Elie, je cours voir la voiture de Fortuna qui nous emmène jusqu'à Chaumont ! C'est finalement (encore) moi qui gagne ! ;) Nous sommes donc trois prénoms originaux réunis dans une même voiture ! Fortuna est passionné de voitures mais maintenant, il vend des camping-cars. Nous parlons aussi du stop seule en tant que fille ou en tant que garçon. Aux abords de Chaumont il nous propose de venir manger et dormir chez lui, nous acceptons avec joie !
Le lendemain, Fortuna nous met à la sortie de la ville, il nous met sur la route de la chance...
[Maxi rêve] Si beau qu'il dépasse notre imaginaire : rencontrer Mouts !
Dimanche 15 octobre. Assez rapidement nous voyons arriver une bétaillère. Elle s'arrête à notre niveau et Louis nous propose de monter pour 35 kilomètres. Avec Louis le courant passe tout de suite. Nous parlons voyage, car il a fait un tour d'Europe à vélo, puis nous parlons autonomie alimentaire, son grand questionnement du moment. Il est aussi récemment devenu berger pour la ville où il habite, afin d'entretenir les pâturages autour des remparts. A la base, il est arrivé dans la région pour apprendre les métiers de la ferme et il élève, depuis, des cochons. Ce matin, il revient d'ailleurs de l’abattoir. Il s'arrête au milieu de la ville et nous dit "je crois qu'il y a des personnes que vous aimeriez rencontrer ici avant de partir... Il faut descendre la route et remonter tout droit." Devant nos mines intriguées, il ajoute "c'est là qu'habite Guillaume Mouton ! Ma compagne est une de ses meilleures amies d'enfance, je crois qu'il n'est pas là en ce moment mais vous pouvez toujours aller voir !". A ce moment-là, des étincelles s'allument dans nos yeux : Guillaume Mouton = Mouts de Nus et Culottés ! Sans avoir cherché à le croiser, voilà que Louis nous fait ce magnifique cadeau ! Euphoriques, nous empruntons la route indiquée. Tout à coup, les sacs étaient devenus très légers !
Arrivés en haut, nous voyons le bus -leur maison, la porte est ouverte, nous toquons, Léa apparaît. Pierre-Elie : "Bonjour, Louis nous a dit qu'il y avait des gens super à voir par ici !", Léa appelle Guillaume et nous dit "entrez ! Nous avons organisé un petit pique-nique avec des amis, vous êtes nos invités-surprise !". Nous posons nos sacs et passons une belle après-midi à discuter avec eux et tous leurs amis. Nous lançons même une activité aquarelle ! Guillaume et Léa nous invitent à dormir chez eux, et le soir venu, nous discutons de stop, de voyage sans argent et de leur projet d'habitat participatif. Guillaume nous donne des astuces et nous livre des réflexions que lui a offert le voyage. Nous découvrons aussi Léa, une jeune femme pleine d’une énergie positive, autostoppeuse confirmée et très inspirante sur un tas de sujets qui nous passionnent aussi.
Lundi 16 octobre. Le lendemain ils nous proposent de nous prêter leur tandem, un tandem pas comme les autres où la personne qui est devant est couchée, ainsi tout le monde peut avoir une belle vue ! Nous allons jusqu'au Lac de la mouche, superbe ! Nous en faisons une aquarelle et nous écrivons derrière un mot pour les remercier de tout ce qu'ils nous ont donné. Nous fabriquons également une enveloppe en tissage de branches et de feuilles. Nous leur offrons le soir même. Ils sont extrêmement touchés par notre geste car sur le dessin apparaissent le tandem et le Lac de la mouche, deux choses auxquelles ils sont vraiment attachés. Guillaume nous joue un morceau de piano et invite Pierre-Elie à jouer en impro avec lui, je filme ce moment assez magique !
Guillaume nous remercie aussi profondément de lui faire vivre l'autre côté de ce qu'il a vécu de nombreuses fois !
Mardi 17 octobre. Le lendemain Guillaume nous emmène jusqu'aux remparts de la ville, nous mangeons ici puis reprenons notre route, des étoiles dans les yeux !
[Ultime rêve] Ce qui guide nos pas : aller au festival le Grand Bivouac d'Albertville !
Comme si la bonne étoile de Guillaume et Léa nous influençait encore, cette journée de stop est extrêmement fluide. Nous prenons six voitures à la suite sans attendre plus de 5 minutes entre chacune d'elles ! Un père et son fils qui allaient chercher une voiture à Besançon, une jeune femme qui cuisine dans l'entreprise familiale et rêve de voyager, un homme intervenant sur le chantier d'un gazoduc dans la région, un jeune couple se rendant au CHU de Dijon, un homme avec trois métiers et quatre enfants qui nous raconte la difficulté de faire du stop en étant de couleur, un jeune homme qui travaille dans l'agro-alimentaire et enfin Fanny... Déposés à l'entrée de Chalon-sur-Saône, nous avons remarqué que c'était souvent les jeunes qui nous prenaient pour entrer et sortir des agglomérations, le genre de petit trajet qui nous sort de grosses galères ! Et cela ne manque pas, Fanny s'arrête, elle va travailler quelques heures ce soir pour faire un ménage, mais en 5 minutes, elle nous propose de nous héberger ! 5 minutes plus tard, nous laissons tout nos sacs dans sa voiture afin de visiter la ville plus légers ! "A ce soir !"
[Sans argent] Récup' de rêve à Chalon-sur-Saône ! Ces quelques heures nous permettent de faire de la récup' en tout genre ! J'avais faim et c'était l'heure du goûter... alors j'ai tenté ma chance chez une vendeuse de churros ! J'ai commencé à raconter notre voyage et elle a rapidement compris et m'a demandé d'attendre. Une fois que les deux clientes étaient parties, elle m'a donné les derniers churros de la fournée, je l'ai remerciée de tout cœur ! Un peu plus loin, Pierre-Elie se lance dans un supermarché, le vendeur nous redirige vers le patron qui est à la caisse et qui nous demande de revenir dans 10 minutes. Lorsque nous revenons il nous dit "bon vous voulez quoi ?", nous lui répondons "de quoi manger !". Et le voilà parti à nous faire nos courses "voilà ça c'est pour ce soir, vous voulez pour demain matin aussi ?", il part chercher des pains aux chocolats, et une boisson, puis se fait encaisser par un de ces vendeurs. Nous sommes ébahis par la générosité et la simplicité avec lesquelles il nous donne tout cela. "J'ai passé une super mauvaise journée alors j'avais envie d'être sympa avec vous" nous dit-il. Nous lui offrons une carte personnalisée pour qu'il puisse suivre nos aventures et lui redonner du baume au cœur pour les jours difficiles ! Ce qui est incroyable, c'est que lorsque l'on demande, on ne sait jamais vraiment ce qui va arriver, on ne s'attend jamais vraiment à ce que ça marche, et voir cela, ressentir que les gens veulent nous aider, cela nous fait avancer ! Boostée par ces bonnes ondes, lorsque nous croisons une pharmacie, je me lance. J'ai besoin d'un probiotique particulier : - "Dans quel mesure vous pensez que c'est possible d'avoir cela gratuitement ?". Le monsieur me regarde, réfléchit et part dans son arrière boutique "mais je n'ai pas d'argent hein !", le monsieur me répond "oui oui !". Il revient avec une plaquette : "voilà c'est un échantillon, trois ce soir et ensuite deux par jour !". Je suis vraiment ébahie, je n'aurais vraiment jamais pensé que c'était possible d'avoir un médicament en "récup" ! Comme quoi il faut vraiment demander, les gens ont souvent des solutions que nous-même n'avons pas imaginées. Je ressors super fière et heureuse et brandi ma plaquette devant Pierre-Elie, lui aussi ébahi !
Fanny nous récupère et nous arrivons dans son appartement. Elle nous considère comme de véritables invités, nous n'avons pas le droit d'aider pour quoi que ce soit ! Le soir nous regardons un film et dormons profondément sur son canapé.
Mercredi 18 octobre. Le lendemain midi, elle nous dépose en direction de Mâcon et là aussi, les voiture s'enchaînent. Nous avons même le temps d'aller pique-niquer sur les bords de Saône pour couper la route. Arrivés à Mâcon, ce sont encore deux jeunes plein d’énergie qui nous font traverser la ville ! Nous rencontrons ensuite un homme qui rentre du travail et qui nous fait contourner Bourg -en-Bresse. Il est carreleur et adore pêcher et ramasser des champignons. Nous passons un super moment avec lui, en prenant les petites routes nous découvrons les beaux paysages de la région. Lorsqu'il nous dépose nous regardons un atlas pour comprendre où nous sommes. Un homme sort la tête de sa voiture et nous interpelle mais nous ne savons pas encore où nous allons. Il s'arrête un peu plus loin et vient nous voir. "Je vais jusqu’à Belley, est-ce que ça peut vous aider ?" Oui tout à fait ! C'est exactement ce que nous étions en train de conclure ! Nous montons dans la voiture de Fred et sa femme Marie, enceinte de 7 mois. Il nous raconte son périple en stop jusqu'en Sicile d'où il est originaire, la galère dans la rue pendant le voyage, son engagement à l'armée, ses séjours en prison à cause du permis. Dès qu'ils comprennent que nous n'avons pas de point de chute, ils nous invitent à dormir chez eux. Marie me montre leurs 4 gros chiens, la collection de moto de Fred qu'il retape et son van Volvo qu'il a aussi entièrement refait ! Il est tellement passionné de Volvo que maintenant il y travaille. Marie, elle, est aide-soignante et travaille de nuit. Elle fait aussi ça par passion, mais là, elle est en arrêt pour la fin de sa grossesse. Nous regardons Kamelott avec eux toute la soirée puis nous nous reposons bien.
Jeudi 19 octobre. Le lendemain matin Marie nous emmène admirer le point de vue sur une table d'orientation dans les montagnes puis nous dépose à Belley. Le stop se passe sans encombre et nous finissons la route avec un informaticien à son compte. Il nous explique que lorsque ses deux enfants sont malades, il les emmène avec lui chez ses clients. Cela rend plus humain ses rapport avec eux, et qu'en plus, maintenant ses clients ont plus de scrupules à l’appeler le soir ou le dimanche. Il profite aussi du trajet pour nous apprendre le nom des montagnes et l'histoire de la région où nous arrivons.
Nous sommes à Albertville ! Nous retrouvons notre amie Cloé, puis cherchons à être bénévoles pour pouvoir accéder au village en échange. Aurélia, une des organisatrices s'occupe de notre cas. Très intéressée par notre aventure, elle nous donne des pass bénévoles en échange d'aider un des stand à monter leur barnum. Ensuite, nous nous renseignons auprès des personnes chargées de trouver des hébergements aux bénévoles et nous nous retrouvons chez Sukrane, pour trois nuits. Nous sommes très heureux, le festival promet d'être vraiment chouette !