Bien ressourcés après avoir passé plusieurs jours dans le cocon familial de Jean-Baptiste et Irlina, nous repartons de bonne heure ce jeudi 8 février. Ils nous déposent à un rond-point sur le chemin de l'école de Lola, nous nous embrassons tous une dernière fois, et nous promettons de nous revoir rapidement !
Émus, nous tendons le pouce pour une très grande journée de stop !
Les voitures s’enchaînent : un étudiant en CAP dans un lycée nous amène jusqu'à Orthez, puis une femme nous offre des croissants, ensuite un coiffeur nous offre du gâteau au chocolat et nous dépose à Hagetmau. Après avoir digéré toutes ces rencontres et ces petits-déjeuners, nous clôturons cette folle matinée avec une femme employée à l'URSAF et totalement emballée par notre projet et enfin Damien qui nous propose d'aller manger chez lui avant de nous rendre avec lui à Bazas pour la fête traditionnelle des bœufs gras, incontournable dans le coin ! Damien a fait le choix de ne pas avoir de téléphone, et donc pas de GPS, il nous explique avec beaucoup d'humour comment il s'est perdu pour aller chercher un moteur de moto à bricoler.
Avec Julie, sa copine, nous découvrons ensemble la fête folklorique de Bazas, dans le sud Gironde. Les jeunes hommes sont costumés en bergers landais d’antan et sont hissés en haut d'échasses. Ils ouvrent la marche du cortège et profite des nombreux verres de vin que leur offrent les commerçants au fur et à mesure de la déambulation. Derrière eux, les filles sont aussi costumées avec de grands chapeaux et des jupes à froufrous. Enfin, une ribambelle de tracteurs tirant un char et 2 ou 3 bœufs tous plus gros les uns que les autres défile lentement et joyeusement dans les rues. Nous sommes jeudi et pourtant une foule immense se presse pour observer les bœufs. Au-dessus de leurs cornes, un grand macaron indique dans quelle boucherie on pourra les retrouver pour les déguster. Une parenthèse géographique et temporelle pour une journée loin d'être terminée !
Malgré l'heure plutôt tardive, nous décidons de reprendre la route et Damien et Julie nous déposent alors à Marmande. Nous commençons quand même à fatiguer un peu de cette journée qui s'étire, surtout que la Dordogne s'avère moins facile que le reste : beaucoup de personnes âgées et de très belles voitures qui ne sont pas spécialement accoutumées à prendre des autostoppeurs ! Nous rencontrons Ludivine qui doit aller chercher quelque chose chez sa grand-mère sur le chemin. Cette dernière ne porte apparemment pas les autostoppeurs dans son coeur et Ludivine nous dépose à la lisière d'une forêt pour qu'elle ne nous voit pas. Nous laissons tous nos sacs dans la voiture et n'avons pas son téléphone. Lorsque la voiture s'éloigne, nous nous regardons et nous nous disons : "là nous sommes arrivés au stade de la confiance totale !" puis nous courons chacun notre tour dans la forêt, le rouleau de papier toilette sous le bras, pour aller faire pipi !
Notre conductrice nous a déposés près d'un bois pour aller chez sa grand-mère !
Elle revient comme prévu et nous emmène au village d'après ! Nous rencontrons ensuite une prof de Français, une harpiste, une prof de SVT en collège et nous voici à Bergerac ! Nous sommes à la sortie de la ville, sur une grande ligne droite très mal éclairée, entre un hôtel 3 étoiles, un parking avec un trafic un peu louche et surtout une grande affiche : "Aidez-nous à retrouver Antoine, DISPARU". Génial...Le décor est planté. Du côté d'Anouk, les pieds sont gelés et cette ambiance plutôt glauque commence sérieusement à plomber son moral. Heureusement du côté de Pierre-Elie, c'est la grande forme ! Il tente même sa chance à l'hôtel en proposant d'échanger nos services contre une chambre pour la nuit. Imaginez la tête de la réceptionniste au moment où elle comprend que nous n'avons pas d'argent... apparemment elle n'était pas trop habituée à ce genre de demande ! L'attente s'éternise au bord de la route et les voitures qui s'arrêtent ne peuvent pas nous aider. Finalement un étudiant qui va faire la fête à Périgueux fait demi-tour pour nous embarquer ! Quelle bonne idée ! Nous avons alors compris le sens du mot soulagement !
Le soulagement c'est aussi faire un gros câlin au patou de Damien !
Mais nous ne sommes pas sortis encore d'affaire pour aujourd'hui car il nous promet vaguement de faire le tour de ces copains pour nous trouver un toit, mais nous comprenons qu'il nous faut continuer l'enquête par nos propres moyens. Il est 21h lorsqu'Edouard nous dépose à Périgueux. Face à l'immense cathédrale, nous nous disons que nous n'avons encore jamais testé de dormir dans un presbytère, cela pourrait être l’occasion ! Nous cherchons donc autour de l'église mais nous ne trouvons pas. Nous rentrons alors dans le Wiki Burger juste à côté pour demander le renseignement. Face aux grands yeux ronds d'étonnement des trois jeunes qui tiennent la boutique, nous leur expliquons notre voyage. Ils cherchent alors des solutions pour nous, émettent plusieurs hypothèse, mais nous ressortons penauds. Au moment où nous nous apprêtons à puiser dans nos ressources d'énergie en nous dirigeant vers le quartier des bars et interpeller les courageux qui festoient par un temps pareil, nous entendons crier derrière nous "hé messieurs dames !". En nous retournant, nous apercevons Thomas, l'un des trois jeunes du wiki Burger, qui nous rattrape et nous tend une clé : "je suis en train de rénover un appartement, il y a déjà le chauffage mais pas encore d'eau chaude ni de lit, mais si vous avez des matelas vous pouvez y dormir !" [ÉTOILES DANS LES YEUX]. On a trouvé !!!! Merci Thomas, merci ! Nous sommes très reconnaissant devant la confiance qu'il nous accorde. "Demain je travaille au Wiki Burger à 11h30, vous n'avez qu'à me ramener les clés à ce moment-là !" Après une longue marche dans la ville, nous prenons place dans nos appartements ! La classe ! Et nous nous régalons de tous les vivres succulents que nous ont offerts JB et Irlina ! Et dire que ce matin nous étions dans le Pays basque !
Après avoir dormi comme des rois, nous rendons les clés à Thomas et reprenons la route. Nous prenons le petit déjeuner face à la Dordogne, et nous appelons Catherine, notre hôte d'Albi avec qui nous avions passé le Nouvel an. Nous lui proposons de faire du stop avec elle pour aller au festival Jeune Sans Frontière d'Avignon ! Elle est totalement emballée par le projet et nous convenons de nous retrouver quelques jours plus tard. Nous traversons alors les beaux paysages du Périgord Noir, haut lieu de préhistoire avec ses superbes falaises.
Pour éviter de marcher trop longtemps vers la sortie de Périgueux, nous tentons le stop en ville et Stéphanie s'arrête ! Elle nous pousse alors jusqu'à Les Eyzies, village très prisé de cette région. Nous devons alors faire un choix : Le Bugue ou Sarlat ? Nous stoppons plusieurs minutes dans la première direction mais nous ne décollons pas, alors, grâce à cette liberté que nous avons de voyager "sans itinéraire", nous optons pour Sarlat, tout droit vers le Lot. Sur le rond-point à Sarlat, nous discutons avec un homme très humaniste qui nous offre des oranges délicieuses "cueillies mûres sur l'arbre par des jeunes en insertion professionnelle" commente-il. Un rayon de soleil sur cette route où... il neige ! Claudie et son père Jean s'arrêtent et nous embarquent pour Gourdon.
Jeune retraitée, elle est très impliquée dans le développement du Céou, la monnaie locale de Gourdon. D'après nos parcours d'études, Claudie comprend que nous sommes très intéressés par ce genre de projets et nous invite à l'AG de l'association le soir même où nous devenons la principale attraction du repas de l'association, nous permettant de rencontrer beaucoup d'acteurs associatifs locaux. Son mari nous accueille ensuite à bras ouverts et nous restons plusieurs jours chez eux. Grâce à la sociabilité de Claudie, nous découvrons les réseaux militants de Gourdon. Elle nous raconte les 10 années de lutte contre la SNCF pour garder les arrêts à la gare de Gourdon, "3 fois par semaine sur les rails!". Nous visitons aussi la ferme de Sébastien, jeune paysan boulanger du coin, et rencontrons les habitants de l'éco-hameau d'Andral qui nous invitent à dîner et nous expliquent leur fonctionnement. Claudie nous offre même des cartes postales et des timbres ! Nous en profitons pour écrire à d'anciens hôtes rencontrés au cours du voyage, un plaisir simple !
Lorsque nous repartons c'est pour afficher la direction "Albi" ! Le soir, nous retrouvons Catherine avec joie et préparons avec elle notre périple vers Avignon et le festival Jeunes sans frontière !
Photo bonus : les belles vaches de Sébastien, le paysan boulanger et éleveur !