"Mon coeur Valence"
Après avoir partagé pendant trois jours de la vie de Julie dans le Diois parmi la nature et les animaux, nous répondons présents à l'invitation de Florent à Valence, notre premier conducteur dans la Drôme et journaliste au Dauphiné Libéré. Nous traversons donc une fois de plus la vallée du Diois où l'on peut faire du stop comme on respire, de rencontres passionnées en rencontres passionnantes ! Nous arrivons donc dans le chef-lieu de la Drôme et profitons des douze coups de midi pour tenter la récup'. Nous nous régalons grâce à une Biocoop : tofu, yaourts, patates douces, chou vert, topinambours, carottes, bananes à foison ! Nous retrouvons ensuite Florent pour une longue discussion autour de notre voyage dont il sortira un des articles les plus complets sur notre voyage ! Nous recontactons Pascale (la conductrice qui nous avait permis de nous balader dans un petit village du Diois) et, justement, elle et son amie Josette sont en virée à Valence ! Elle nous propose de nous ramener vers Die et de dormir chez elle. Nous découvrons que Josette est une baroudeuse expérimentée qui a arpenté pendant 4 mois les routes des Etat-Unis en stop et sans un sou à 21 ans (l'âge d'Anouk). Nous rencontrer lui fait un déclic et cette retraitée se replonge avec plaisir dans ses incroyables souvenirs ! Elle nous confie qu'elle a toujours voulu rédiger les nombreuses notes qu'elle avait prises lors de ce voyage et nous tape dans la main comme promesse de s'y mettre, maintenant que la retraite lui offre du temps ! Pascale est une randonneuse et nous passons la soirée à rebondir d'anecdotes en réflexions sur le voyage.
Je t'laine !
Le lendemain nous découvrons que la maison de Pascale est en fait une véritable caverne d'Ali Baba remplie de tissus, laines, toisons de moutons, fils et savoir-faire ! Anouk est au paradis. Toute l'après-midi c'est l'atelier : Pascale nous montre comment faire du feutre et nous confectionnons un bracelet. Elle nous apprend également qu'à partir de la toison d'un mouton il faut carder et peigner la laine (pour que toutes les fibres soient dans le même sens) puis il faut la filer grâce à un rouet (machine en bois à pédale) ou utiliser un fuseau (tige en bois que l'on fait tourner avec la main) et y incorporer des morceaux de tissu ou de fil selon nos goûts. Anouk se lance avec le fuseau, un vrai poisson dans l'eau ou plutôt un mouton dans la prairie. Pascale "pédale" (fait du fil de laine) pour un projet solidaire "Pédaler pour la paix" qui permet, grâce à la vente de tous les écheveaux (pelotes de laine), de soutenir des initiatives dans le monde entier ! Elle nous parle également d'une bonne amie à elle qui élève des alpagas... Rien qu'à toucher leurs poils, nous tombons amoureux de ces petites bêtes qui sont historiquement les compagnons des Incas !
Des racines dans le Diois...
Sylvaine, notre première hôte dans le Diois nous recontacte pour nous offrir la superbe page du Dauphiné Libéré qui nous est dédiée ! Elle en profite pour nous proposer de venir avec elle visiter la Drôme profonde, au fin fond de la vallée. Nous sommes donc partis pour une véritable visite guidée historique et socio-économico-politique de tous les villages que nous traversons ! C'est passionnant et nous en prenons plein les yeux de ces paysages époustouflants ! Elle nous ramène ensuite à Châtillon-en-Diois, siège historique des Dupin, la famille paternelle d'Anouk ! Nous retrouvons Jacques et Christine, les amis d'enfances de son père et nous allons admirer la vue de la vallée depuis les tombes des arrières-grands-parents ! Nous faisons un aller-retour à Die pour bénéficier de la connexion de la médiathèque et répondre aux questions des enfants de l'association L'enfant@l'hôpital ! Nous en profitons pour chercher sous l'orage la recyclerie "Aire Trésor" car nous venons d'apprendre que Axelle, une amie à nous, y travaille ! Elle nous fait découvrir son univers avec passion et nous sommes heureux de découvrir cette entreprise d'insertion.
...jusqu'au ciel avec les alpagas...
Samedi matin nous visons Saillans, le fameux village qui applique la démocratie participative depuis 2014, et où se déroule la semaine de l'économie locale. Nous décidons d'aller voir la conférence d'Olivier Razemon et des producteurs et acteurs locaux sur "comment la France a tué ses centres-villes ?". Le sujet nous parle et les échanges sont riches, nous avons même l'occasion de parler avec le maire du village lors du pot de fin ! Par une envie soudaine, Anouk contacte Michèle, l'éleveuse d'alpagas, qui répond du tac au tac et nous apprend que nous ne sommes en fait qu'à quelques kilomètres d'elle ! En quelques minutes nous nous retrouvons au milieu de son troupeau, qui impose le respect et l'humilité. Michèle nous explique toute la psychologie, le fonctionnement et la sensibilité de ces animaux délicats et touchants. Nous avons même l'occasion de leur donner à manger, la chance ! Notre rencontre avec Michèle est à l'image de ces doux camélidés, et lorsqu'elle comprend qu'Anouk a oublié son bonnet en poils d'alpagas dans une voiture, Michèle lui offre deux pelotes pour en faire un nouveau !
Michèle : "Plus on écoute ce qui ne parle pas, plus on a l'écoute fine"
Nous sommes encore sur notre petit nuage de laine lorsque Michèle nous conduit jusqu'aux Amanins (ferme agro-écologique des Colibris) où nous avons rendez-vous avec Nans et toute la tribu de la formation "Vies Sauvages et Vagabondes" qui se termine ce week-end là.
...nous nous envolons entre de bonnes mains !
Nous arrivons juste au moment de la restitution de tous les binômes de la formation. Ils et elles se sont laissé-e-s porter par le vagabondage pendant deux journées avec un hébergement chez l'habitant ! Entre rires, pensées profondes, découvertes de ses propres failles et surprises de ses forces, leurs témoignages nous touchent, nous inspirent et ont en nous un écho particulier. Les questions aiguisées des stagiaires nous poussent à aller plus loin dans nos réflexions. Alors qu'Anouk est impressionnée par la force du dénuement dont ils ont fait preuve, Pierre-Elie ressent lui, le désir profond de lâcher prise. Nous nous concertons et en venons à une évidence : aujourd'hui, anniversaire de nos six mois de route, ces témoignages et cette confiance absolu en l'humain et en la vie que nous avons cultivée jusque là nous invite à franchir un nouveau cap. Monter d'un cran la profondeur du voyage : s'alléger, se libérer, s'envoler. Nous décidons de laisser nos grands sacs à Nans et ne repartir qu'avec nos petits sacs ! Un acte aussi symbolique que (très) concret, 20 kilos en moins sur nos épaules communes et des milliers d'autres choses à découvrir !
Anouk : "Je me sens comme un alpaga à qui on retire sa très lourde et chaude toison en mai !"
Pierre-Elie : "J'ai la boule au ventre et en même temps tellement d'excitation, comme au premier jour !"
Nicolas alias Merlin : "Ce que l'on possède nous possède aussi." "Nous sommes comme un verre d'eau rempli que la vie alimente en continu, lorsque nous arrivons à en vider une partie, elle nous remplit alors d'autres choses et c'est là que nous grandissons."
Nans : "Je vous souhaite que cette allègement en sécurité et en confort se transforme en élargissement des possibles et en confiance dans l'inconnu !"
Cap ou pas Pâques ?
En quittant ce petit cocon avec nos nouveaux sacs, nous avons dans l'idée d'aller découvrir la région PACA en passant par l'Ardèche. C'est sans compter, une fois de plus, sur la force d'attraction de la Drôme ! Ayant également posé notre atlas routier (si précieux), nous redécouvrons maintenant le nom de notre voyage, une injonction à nous faire voyager ! Un peu perdus dans les directions, nous lâchons prise et c'est un nouveau voyage qui commence ! Postés en direction de l'Ardèche après Montélimar, Hadrien et Aurélia partis visiter des maisons troglodytes nous embarquent dans leur aventure car eux-mêmes ne savent pas vraiment où ils vont. Notre excursion en pleine nature nous ressource et nous sommes comme quatre enfants faisant de chaque grotte une potentielle cabane. Ils nous proposent de venir dormir chez eux.... A Montélimar ! Afin de prolonger la rencontre avec ce couple "zen", nous acceptons la nouvelle invitation de la Drôme ! Ils sont fan de Amma (une figure spirituelle d'envergure internationale) et apprennent pour elle de très beaux chants, les Bhajans, que nous avons le privilège de partager avec eux lors d'une session. Nous les aidons à préparer Pâques et l'arrivée de la famille d'Aurélia chez elle. Détente et joie au programme, nous peignons ensemble des galets et les cachons dans le jardin !