Vendredi 8 décembre, la Bretagne dans tous les sens.
Après une nuit bien ressourçante chez Alain, Sylvie et Mathis, nous voilà partis sur notre grand terrain de jeu qu'est la Bretagne, mais cette (re)découverte va s'avérer plus courte que prévue ! Aux abords de la voie express (l'autoroute gratuite bretonne), nous levons le pouce de bon matin. 30 minutes plus tard, un fourgon arrive de la bretelle de sortie... pour finalement rentrer à nouveau. Il s'arrête très loin derrière nous, nous allons les voir. - "Saint Brieuc ? Oui on y passe !" Nous voici à l'arrière du fourgon, qui tire aussi une remorque. Un trio de déménageur sarthois est à l'avant : Jean-Yves, Bouboule et celui qu'on surnommera "Le chauve". Ils viennent de traverser Rennes avant de nous prendre et ça avait déjà l'air épique. Leur destination finale étant Pontivy, nous ne comprenons pas tout de suite pourquoi ils comptent passer par Saint-Brieuc. Avant de comprendre qu'ils ne connaissaient absolument pas la géographie bretonne. Nous leur prêtons notre atlas, surtout à Bouboule, le "cerveau" de la bande, toutefois dépourvu d'un certain sens de l'orientation. A Lamballe, à 20 kilomètres de Saint-Brieuc (voir capture d'écran), un panneau "Loudéac" les remet sur la piste de Pontivy. Et Bouboule de rassurer le trio : "moi on m'a toujours dit "toutes les routes mènent à Rome" !" Tout heureux de nous balader en Bretagne, nous les laissons rouler avant de descendre finalement à Loudéac, véritable noeud routier du Centre-Bretagne ! Nous leur indiquons une dernière fois la direction Pontivy dont ils s'éloignaient en repartant...
C'est comme ça que s'écrit parfois notre itinéraire. Placés au matin sur la route de Saint-Brieuc, nous voici maintenant prêts à traverser la Bretagne par le centre. Mûr-de-Bretagne puis Mellionnec, Thomas notre conducteur musicien nous invite à déjeuner à la maison où nous pourrons aussi utiliser son ordinateur pour poster, comme tous les vendredis, l'article sur Kolibri, la plateforme de L'enfant@l'hôpital et les classes d'enfants qui nous suivent. Nous rencontrons aussi Gaëlle sa compagne, salariée d'une association promouvant le documentaire d'auteur dans leur village. Nous repartons du village en début d'après-midi avec l'objectif d'arriver à Roscoff au nord-est de la région. Nous arrivons rapidement à Carhaix puis remontons vers le Nord avec une artiste-sculpteur avant de monter dans une nouvelle voiture. Ce conducteur va à Brest. Nous avons alors de nouvelles options qui s'ouvrent à nous : continuer vers Roscoff, aller du côté de Brest, ou bien se diriger vers la presqu'île de Crozon comme il nous le recommande ! A ce moment-là, nous nous rendons compte que nous avons oublié notre atlas chez Thomas ! Nous choisissons de nous laisser porter et nous voici à Le Faou, entre Brest et la presqu'île ! 2 voitures plus loin, nous sommes à Crozon, mais pas d'hébergement en vue ! Il fait désormais nuit, mais quitte à être arrivés ici, nous stoppons vers Camaret-sur-Mer, au bout du bout (du monde). Une voiture s'arrête. Deux femmes se rendent justement à Camaret pour le week-end. Régine et Jos rénovent une maison dans le village et nous invitent pour la soirée. Cette maison-chantier est un véritable cadeau pour nous !
Durant deux jours nous nous reposons de notre semaine sur les routes. Nous grattons avec elles l'ancien lino du plancher d'une chambre, nous nous baladons dans Camaret et rencontrons Gérard, le mari de Régine, cordonnier légèrement désabusé par l'évolution que subit sa profession. Les discussions avec cet autre trio sont très intéressantes et ils nous invitent à revenir dans la maison lorsqu'elle sera terminée !
10 décembre, une journée à 500 kilomètres.
Le dimanche matin, nous repartons, Gérard nous avance après Crozon et nous visons alors le Morbihan. Arrivés à côté de Quimper, un couple de musiciens nous embarquent pour Concarneau où ils vont jouer au marché de Noël. Nous partons visiter la ville close, avec toujours l'esprit de Vauban qui ne nous quitte plus depuis Besançon !
Après avoir laissé passer une averse sous un garage à vélos, nous repartons sur la voie express et arrivons près de Lorient puis à Locminé. S'arrête alors une dame qui retourne chez elle en Vendée ! Nous montons et discutons avec elle pendant 2 heures, le temps de voir la nuit tomber. Ne pouvant pas nous accueillir chez elle, nous nous retrouvons sur une aire spéciale camping-car non loin de Noirmoutier ! Puisque la route nous fait avancer, nous continuons le stop à un rond-point éclairé, le Graal des autostoppeurs d'hiver !
Très vite, une voiture s'arrête, Michaël rentre à La Rochelle où il est étudiant en informatique. Ce soir, nous arriverons donc en Nouvelle-Aquitaine beaucoup plus vite que prévu ! Nous échangeons sur une multitude de sujets tant Michaël est intéressé par des thèmes très différents. Arrivés chez lui, il prépare le repas pendant que nous jouons à Mario Kart sur de vieilles consoles... La tempête sur la côte ? Pas vue. Nous passerons la nuit dans son appartement avec nos matelas !
Le lendemain, nous nous payons même le luxe de dormir toute la matinée jusqu'à son retour à la pause de midi, comme convenu !
Notre nouvel objectif ? L'île d'Oléron !
Des étudiants en école de commerce nous embarquent alors vers une zone commerciale en dehors de La Rochelle alors qu'ils vont faire les courses. Nous nous rappelons alors que Damien et Martine nous avaient donné des bons pour des boissons ou desserts à Mc Do. Nez à nez avec un de ces magasins, nous nous souvenons que les bons expirent dans deux jours et rentrons dans l'univers du fast-food américain. Bornes, caissiers équipés de micros et semblant eux-même automatisés nous accueillent, devinant que nous sommes en territoire étranger ! Plutôt qu'un bonjour, le caissier nous dit d'aller commander sur les bornes. Nous ne voulons pas commander, juste retirer nos petits "cadeaux" avant de repartir (en courant) ! Est-ce le choc de redevenir "consommateurs" ? Ou celui de découvrir ce que tous les adeptes du fast-food voient régulièrement ? Nous avalons ce maigre "repas" avant de repartir sur la route. Après une demi-heure d'attente et alors que pointait le découragement... un couple nous emmène justement à Marennes, aux portes de l'île d'Oléron !
En deux minutes, nous stoppons une voiture. Une jeune fille au volant et un homme de 50ans en tant que passager nous font monter. "Mais pourquoi vous venez ici ? Il n'y a rien à voir ici et les gens sont tous cons !" Niveau promotion du patrimoine oléronais, nous sommes proche de zéro. Mais ce n'est pas un avis négatif qui va nous arrêter. Nous leur expliquons notre voyage et savons pertinemment que l'île d'Oléron va nous étonner ! Mais ils sont tellement surpris de notre démarche qu'ils se plient finalement en quatre pour nous. Nous voici invités à dormir dans un appartement de location où travaille Didier, notre hôte. Enfin, il n'est pas propriétaire. Mais il a les clés car il travaille pour eux. Mais c'est tout de même un second hébergement clandestin qui nous est proposé ! Nous acceptons malgré le personnage qu'est ce Didier (nous avons d'ailleurs changé son prénom). Cela va nous permettre de profiter d'une balade sur la plage au soleil ! Finalement, le lendemain matin nous sommes très heureux lorsque le même binôme nous dépose à Rochefort, car nous venions de subir un monologue "didiérien" depuis le réveil... Prison, violence, travail au black, la vie chaotique de notre Didier explique ce besoin de toujours prouver qu'il réussit des choses. En tout cas, nous, il nous a pris sous son aile et c'est quand même mieux comme ça !
Retrouver l'intérieur des terres...
Après cette rencontre originale, nous avons rendez-vous au téléphone avec France 3 Nouvelle-Aquitaine dans "9h50 le matin" où nous faisons un point avec Christophe, le présentateur sur les deux premiers mois de voyage. Puis nous nous rendons à la Corderie royale et devant l'Hermione avant de filer à Niort. Nous choisissons ensuite de nous enfoncer dans la campagne des Deux-Sèvres où nous sommes invités à boire un café chez Dylan avant de nous retrouver à Chef-Boutonne et une sortie de rond-point indiquant "autres directions". Une heure plus tard, toujours rien, il fait même nuit. Ce n'est pas un conducteur qui va nous tirer de là. Ou plutôt, un conducteur qui n'allait pas vers "autres directions" mais qui est venu nous voir. Valentin arrive : "qu'est-ce que vous faites là ?" Ce jeune homme de 25ans respire la gentillesse. Il habite chez ses parents mais nous propose de dormir chez lui. N'ayant pas son portable sur lui, il retourne tout de même chez eux leur demander la permission, et nous voici débarquant au chaud dans la campagne de Chef-Boutonne, chez une famille où l'on se sent bien. Si bien qu'Anouk se permet même de passer la soirée devant une bassine...
Le lendemain, c'est les "vacances", nous avons prévu d'arriver chez mes parents en Charente où je vais notamment animer un ciné-débat. Nous en profitons également pour intervenir dans une des classes de terminale ES de mon ancien lycée. Le samedi, nous remontons chez les parents d'Anouk à Tours où nous rencontrerons deux journalistes et deux classes pour continuer de partager le voyage par tous les moyens ! Après ces quelques jours de repos, nous avons en tête notre objectif du mois de décembre : fêter Noël chez l'habitant, dans les Pyrénées Orientales, à près de 800 kilomètres de là !